Historique

 

LA CREATION

 

La première activité artistique présente dans les ateliers des chemins de fer d'Epernay remonte à l'année 1899. Cette année marque la création d'une société de chorale, composée d'ouvriers. C'est volontairement que les ouvriers attirés par le chant mais aussi par la musique se rassemblent pour former un ensemble vocal, puis plus tard orchestral. De 1899 à 1912, la société assure de nombreux concerts en l'honneur des membres honoraires, puis en l'honneur de leur sainte patronne Cécile. Les journaux de l'époque relatent la performance de ces ouvriers devenus choristes, et décrit avec des termes fort élogieux l'admiration que le public porte à ces différents concerts.

 

La société chorale sera accompagnée par l'orchestre municipal mais aussi par l'orchestre symphonique et lyrique appel à " le Camélia ". Elle participera également à quelques festivals de musique et se fera remarquer par l'ensemble des mélomanes de l'époque.

 

L'Eclaireur de l'Est, quotidien en vogue en 1927 annoncera dans son édition du 5 octobre la naissance de l'harmonie des chemins de fer d'Epernay placée sous le patronage de monsieur le sous-préfet et de monsieur le maire d'Epernay.

 

C'est avec le plus grand sérieux que monsieur Jean RENY, nommé chef d'orchestre entreprend la réalisation d'un projet collectif dont il était difficile d'estimer l'importance. Il se propose de créer un ensemble orchestral de qualité ne craignant pas la complexité de certains morceaux de musique classique. C'est ainsi que sous sa direction se formera un orchestre composé de 80 musiciens.

 

C'est avec beaucoup ténacité que l'harmonie put très rapidement proposer un programme de qualité. Le premier concert débutera avec l'ouverture de SUPPE qui viendra rassurer et convaincre les mélomanes indécis. Accompagnée par la brillante soprano, Mme BALLET-MILLOT, l'heure est à l'apothéose et sans doute à la consécration, tant les passages les plus difficiles de Carmen de BIZET font frissonner de bonheur les spectateurs présents ce soir-là. La première prestation remporte un franc succès et annonce une saison riche en émotions.

 

L'accueil de ce nouvel orchestre est chaleureux et la critique élogieuse. Les journalistes n'hésitent pas à affirmer que cette formation musicale est talentueuse et prometteuse. Ses qualités musicales sont excellentes et tout le monde reconnaît que cet orchestre est en mesure de rivaliser avec les meilleurs de France. C'est un bel espoir, pour des musiciens d'origine ouvrière, qui redoutaient que leur statut d'amateur ne leur fasse défaut auprès des oreilles averties.

 

L'attente du public est satisfaite et celle des élus comblée. A la suite de ce premier concert, l'harmonie reçoit de nombreuses invitations et participe à la vie active de la ville. Des concerts au profit d'œuvres de bienfaisances seront l'apanage de ses débuts encourageants. L'ensemble de l'argent récolté lors de ces concerts sera reversé à la consultation des nourrissons de la ville ainsi qu'au sanatorium des cheminots.      

 

L'exécution parfaite d'œuvres majeures ouvre la porte du prestigieux concours international organisé à St Nazaire en 1928. Le jeune chef d'orchestre, Monsieur RENY, âgé alors de 21 ans, conduit ses musiciens au sommet de la gloire. En effet, l'orchestre obtient du jury le premier prix de la première division, première section avec les félicitations d'usage. Le chef d'orchestre est récompensé personnellement pour sa brillante direction et un prix d'excellence est attribué au saxophone alto soliste, monsieur André Jubréaux. Les talents de l'orchestre sont alors reconnus par les professionnels de la musique et reçoivent par conséquent des lettres de noblesse amplement méritées.  

 

Dès 1929, le chef d'orchestre propose aux jeunes ouvriers des ateliers, de suivre des leçons de solfège sous la direction de monsieur Jubréaux afin d'assurer la pérennité des qualités musicales de l'orchestre.

Le kiosque du jard d'Epernay, aujourd'hui détruit, a accueilli l'harmonie lors de ses concerts d'été. Très appréciés des auditeurs, ces concerts moins stricts qu'en salle, agrémentent agréablement la vie sociale de la ville. La proximité du public permet à l'orchestre de mieux saisir l'émotion que leur musique provoque en chacun des auditeurs. Le plaisir est alors réciproque, chaque musicien communiquant aux auditeurs son amour de la musique.

 

 

 De 1929 à 1937

 

La vie artistique de l'orchestre prend son essor dès 1929. En effet, l'harmonie rehausse son talent grâce à la sollicitation de brillants artistes. Ainsi Armand FIX, baryton du théâtre de Mogador accepte la chaleureuse invitation de l'orchestre et accompagne de sa voix l'arioso de BENVENUTO lors d'un des concerts de l'harmonie. Après deux ans d'existence, l'harmonie diversifie ses concerts en entrant en relation avec une troupe théâtrale afin d'assurer les premières parties de leurs soirées.

 

En fait, pour fidéliser son public, l'harmonie s'attache les services d'acteurs professionnels de grand renom et offre à ses spectateurs, une soirée de qualité. Le théâtre et la musique partagent donc l'instant d'une soirée la même scène pour le bonheur de tout le monde. L'organisation de ces soirées spéciales est fastidieuse, mais les dirigeants ne manquent pas de courages pour satisfaire les attentes du public.

 

En 1930, l'harmonie se compose de 75 musiciens et poursuit avec beaucoup de dynamisme la diversification de ses programmes. Elle multiplie ses invitations et reçoit pour un unique concert, une brillante harpiste Mlle HANSEN. Son interprétation d'une fantaisie de Camille SAINT-SAËNS fut si remarquable qu'elle surprit agréablement le public et l'ensemble des musiciens présents. Ce tour de force réussi permit à l'orchestre d'obtenir une nouvelle fois la faveur du public et les éloges des journalistes.

 

La renommée de l'orchestre est quasiment acquise, chacun gardant en mémoire la brillante prestation réalisée au concours de ST NAZAIRE. Ainsi, à chacun de ses futurs déplacements, l'harmonie sera chaleureusement accueillie par ses homologues mais aussi par le public, qui goûtera avec délectation l'égrènement de chaque note.

 

Inscrite, en 1932, au concours organisé à St Pierre d'Oléron, l'harmonie triomphe une nouvelle fois, en obtenant le premier prix d'exécution, le premier prix d'honneur ascendant ainsi que le premier prix de direction. Monsieur Jean RENY et son orchestre ont encore fait la preuve de leur immense talent.

 

Orchestre novateur, celui-ci accompagne en 1933 des danseurs acrobatiques de l'Alhambra ; nullement impressionné par les costumes chatoyants des hôtes hispaniques, celui-ci assure la représentation avec brio. Le public ne cesse de se distraire et de s'enthousiasmer des idées originales glissées comme par magie dans chacun des concerts.

 

En avril de cette même année, l'harmonie se déplace à Menton pour participer au concours international. Ce concours est un challenge. Il met en compétition 50 sociétés musicales. L'harmonie d'Epernay remporte un franc succès en division supérieure dont elle obtient tous les premiers prix. Pour récompenser cette brillante performance, l'harmonie revient à Epernay avec une statue en argent massif, intitulée par son sculpteur R. BENARD" la coupe d'Orphée ". Cette statue restera selon le règlement un an dans notre ville et sera ensuite remise en compétition l'année suivante. Malheureusement, les archives de l'année suivante ne parlent pas de l'avenir du challenge de la coupe d'Orphée, ni même de la participation de l'harmonie à ce prestigieux concours.

 

L'évènement majeur de 1934 sera le concert de gala donné dans la ville de TOURS en faveur de l'orphelinat des chemins de fer de France.

 

Un déplacement plutôt inattendu en Tchécoslovaquie marquera l'année 1935. Le concert de gala sera riche en émotions, de part et d'autre, tant le bonheur de s'écouter jouer est immense.

 

La participation en 1936, au festival organisé à Cannes, est une occasion pour la formation de présenter un répertoire un peu différent. En effet, le chef et son orchestre se lancent dans l'interprétation d'œuvres modernes à l'accent Russe. Ainsi, RIMSKY-KORSAKOFF, RACHMANINOFF et TCHAÏKOVSKY seront mis à l'honneur.

 

De retour de leur tournée annuelle, la société se met à l'œuvre pour préparer la célébration de ses dix années d'existence. A cette occasion, un festival regroupera l'ensemble des grandes harmonies de l'EST de la France : Romilly-sur-Seine, Mohon et Basse Yutz. L'harmonie multiplie les contacts au sein du monde artistique et négocie ferme la venue de la troupe de comédiens de Charles BARET dans la représentation d'une comédie intitulée " fauteuil 47 ". La comédie tournera presque à la tragédie quand la troupe annoncera peu avant la représentation le désistement de l'excellente comédienne Mlle DERVAL. La troupe propose de la remplacer par Mlle AVRIL, mais le propos semble douteux ; personne ne connaissant vraiment les qualités théâtrales de l'actrice. Le vilain contretemps provoque la confusion et suscite un certain scepticisme quant à l'accueil du public. Les dirigeants de l'harmonie sont contrariés, ils espéraient motiver une assistance sur le déclin. La troupe BARET une autre pièce, de valeur égale à la première mais joue au malin génie, en rehaussant l'offre initiale. C'est donc la comédie de Louis VERNEUIL, intitulée " fauteuil 47 " qui sera interprétée malgré la déception ressentie à l'annonce du désistement de l'actrice Mlle DERVAL.

 

Les caprices des talentueux artistes ne manquent pas. En effet, l'harmonie reçoit à plusieurs reprises, et de façon insistante la proposition d'un altiste ; celui-ci supplie l'harmonie de le recevoir à l'un de ses concerts. Raymond BELINKOFF possédait à 30 ans un palmarès assez remarquable, entendu et apprécié en tant que soliste, il assurait de nombreux concerts en France. Par ailleurs il enseignait au conservatoire Musica ainsi qu'à l'école supérieure de Musique. L'harmonie ne répondra jamais favorablement à sa demande et déçoit ce jeune artiste, qui estimait sans doute beaucoup la valeur de l'orchestre.

 

La fin de l'année 1937 sera principalement marquée par la mort foudroyante de Monsieur Jean RENY, directeur de l'harmonie à l'âge de 31 ans. Ce décès suscita une immense émotion auprès des musiciens, des dirigeants et des autres orchestres. De nombreuses marques de sympathie se manifestèrent à l'annonce de cette tragique nouvelle. La société, profondément choquée par le caractère soudain de ce décès, décide d'écourter la fête de Ste Cécile. Celle-ci se limitera à l'accompagnement de l'office religieux ; pour la première fois depuis dix ans, le banquet habituellement organisé à cette occasion sera annulé.

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